Notre système de santé attend toujours le choc de formation et d’attractivité dont il a cruellement besoin.

67 % des Français finissent par renoncer à prendre un rendez-vous avec un généraliste, un pays où, selon le Conseil national de l’Ordre des médecins, le nombre de médecins généralistes en activité régulière, au 1er janvier 2022, a diminué de 11 % par rapport à 2010 avec un peu plus de 84 000 praticiens. L’Hexagone a donc perdu plus de 10 000 médecins en une dizaine d’années.Selon l’Ordre, entre 2015 et 2022, 33 800 médecins sont partis à la retraite. Sur cette même période, selon une note du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, 73 500 étudiants ont été inscrits en 2e année de médecine. Un rapide calcul démontre que nous pouvons donc théoriquement former 2,2 médecins pour un départ à la retraite. Or, actuellement sur le terrain, l’exercice de la médecine a changé et l’on estime qu’il faut 2,5 médecins en moyenne pour remplacer un seul départ en retraite.L’État n’assure donc même pas le renouvellement des générations. Plus frappant encore, nous formons le même nombre de médecins qu’en 1970…avec 15 millions de compatriotes supplémentaires ! Face à cette situation le gouvernement se félicite qu’il « forme plus » grâce à sa réforme de 2019. Pourtant l’urgence n’appelle pas à former plus mais à former suffisamment !Pour aller plus loin et rénover en profondeur le numerus apertus, j’ai notamment fait adopter le 7 décembre dernier, à travers ma proposition de loi visant à améliorer l’accès aux soins par la territorialisation et la formation, le principe d’une priorisation des besoins en santé de nos territoires.Prendre en compte les territoiresSi nos universités fixent des objectifs pluriannuels d’admission en 2e année du premier cycle des études de santé, ce système est biaisé et dépend toujours des objectifs de l’État. Si la fièvre austéritaire du gouvernement passe par là, nos universités seront coincées. En clair, la révolution apertus fait pschitt ! Et c’est cette logique que mon texte renverse : je souhaite renforcer la prise en compte des besoins de santé du territoire, qui devient prioritaire, par rapport aux capacités de formation des universités tout en enjoignant dans le même temps le gouvernement à mettre en œuvre des mesures visant à accroître ses capacités d’accueil et leur donner des moyens supplémentaires.Le dernier tabou de la pénurie chronique de médecins dans notre pays reste l’exode de nos étudiants. Le gouvernement a choisi d’ignorer un phénomène qui s’est solidement installé : la fuite de nos étudiants en santé vers l’étranger. Et pour cause, en installant une sélection excessive durant le premier cycle des études de santé, l’État a longtemps privé la France de cohortes entières de médecins. Les pays privilégiés par ces étudiants et leurs familles sont la Roumanie, la Belgique, l’Espagne, le Portugal ou encore la Bulgarie.Si on observe le phénomène de manière plus globale en intégrant tous les professionnels de santé au-delà des spécialités de médecine, on peut par exemple noter que près de 50 % des nouveaux inscrits au tableau de l’Ordre des dentistes soit environ 1200 par an sont ainsi formés à l’étranger ou encore que 11400 étudiants français en kiné, se sont inscrits dans des universités espagnoles. En définitive, ce phénomène est estimé à plusieurs dizaines de milliers d’étudiants Français qui tournent le dos à notre système pour se former ailleurs. Il nous faut reprendre le contrôle et tendre à nouveau la main à ces talents. C’est pourquoi ma proposition de loi prévoit également de rapatrier les étudiants en médecine pour les réintégrer dans nos cursus moyennant évaluation.Le gouvernement a choisi une ambition plus court-termiste. Préférant ignorer le problème de fond, il invoque depuis plusieurs semaines des mesures étonnantes comme la régularisation des praticiens étrangers venus en France, (les fameux Padhue), un émissaire pour aller chercher des médecins à l’étranger ou encore en crispant la profession médicale avec les consultations infirmières ou des mesures de coercition, meilleur moyen de décourager, faire déplaquer ou de diviser pour mieux régner !Il faut enfin revenir sur l’iniquité de l’usine à gaz PASS/LAS. L’interdiction du redoublement en première année, l’instauration de mineures santé dans les parcours, des oraux dysfonctionnels etc. ont conduit à anéantir des vocations. Parlementaires, familles et même justice ont enjoint le gouvernement à revoir les modalités de sélection des étudiants marquant ainsi l’échec d’un système injuste. Viendrait-il à l’idée de celui voulant devenir avocat d’étudier la santé avec une mineure en droit ?La réalité est finalement brutale : chaque médecin que le gouvernement

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