Monsieur le Premier ministre,Je me permets de vous écrire car la situation financière de la France est aujourd’hui catastrophique et met gravement en danger l’avenir des Français.Le déficit public a atteint 5,5 % de notre produit intérieur brut (PIB) en 2023 au lieu des 4,9 % prévus, bien au-delà des 4,8 % enregistrés en 2022.

Notre dette publique a maintenant dépassé les 3 100 milliards d’euros (110,6 % du PIB), pratiquement le tiers de cette dette ayant été accumulé depuis l’arrivée au pouvoir de M. Macron en 2017. Dans le même temps, l’année 2023 n’a pas été celle de la fin du « quoi qu’il en coûte » puisque nos dépenses publiques s’élèvent encore à 57,3 % du PIB, le plus haut niveau d’Europe, alors même que beaucoup de nos services publics essentiels comme la santé, l’éducation, la justice ou la police souffrent. Par ailleurs, le taux des prélèvements obligatoires en France en 2022 (48 % du PIB selon Eurostat) était supérieur de 6,1 points au taux moyen de la zone euro. Il était le plus élevé de la zone euro et de toute l’Union européenne.Selon la Cour des comptes, la charge de la dette publique devrait poursuivre sa hausse rapide et inquiétante en 2024 pour atteindre 57 milliards d’euros, c’est davantage que le budget de notre Défense nationale ! A la fin du second quinquennat de M. Macron, le service de la dette pourrait atteindre jusqu’à 84 milliards d’euros. Il deviendrait alors le premier poste de dépenses de l’Etat devant le budget de l’Education nationale. Comme un ménage surendetté, nos marges de manœuvre collective pour choisir librement notre destin seront bientôt réduites à néant.L’irresponsabilité de votre politique budgétaire nous conduit à l’abandon de notre souveraineté. Nous avons perdu toute crédibilité auprès de nos partenaires européens et de la Commission européenne. Alors que certains de nos voisins, comme le Portugal, réussissent à dégager un excédent budgétaire en 2023, la France a perdu tout crédit au sens propre comme au sens figuré. Pire encore, la France cherche à exporter cette gestion catastrophique au niveau européen en généralisant le « quoi qu’il en coûte » dans toute l’Union européenne ce qui se traduira inévitablement par de nouveaux impôts et de nouvelles charges qui nuiront au pouvoir d’achat des Français ainsi qu’à la compétitivité de nos entreprises.La suite, malheureusement, nous la connaissons : dégradation de la note de la France par les agences de notation, nouvelle hausse des taux d’intérêt qui pénalisera notre économie, poursuite de la spirale infernale de l’endettement public jusqu’à ce que les marchés financiers refusent de nous prêter pour continuer à vivre à crédit. La France risque d’être mise sous tutelle par les institutions européennes ou internationales, à l’image de ce qu’a connu la Grèce il y a quelques années. Cette perspective de déclassement est inacceptable pour un grand pays comme le nôtre.Le plus grave, Monsieur le Premier ministre, c’est que le Gouvernement a trompé la représentation nationale et la confiance des Français.L’annonce par l’INSEE le 26 mars dernier du dérapage sans précédent, hors période de crise économique, de la trajectoire de nos finances publiques marqué par un écart de presque 20 milliards d’euros entre votre prévision de déficit public pour l’année 2023 et le déficit public réalisé est l’aboutissement de longs mois qui ont été marqués par l’insincérité.L’article 47-2 de la Constitution prévoit que : « Les comptes des administrations publiques sont réguliers et sincères ». L’article 32 de la loi organique du 1er août 2001 relative aux lois de finances prévoit quant à lui que : « Les lois de finances présentent de façon sincère l’ensemble des ressources et des charges de l’Etat. Leur sincérité s’apprécie compte tenu des informations disponibles et des prévisions qui peuvent raisonnablement en découler ».Il est aujourd’hui très clair que ce principe de sincérité budgétaire n’a pas été respecté par le Gouvernement, ni pour le budget 2023, ni pour le budget 2024.Pour le budget 2023, le seuil d’insincérité budgétaire dans la jurisprudence du Conseil constitutionnel est estimé, par les spécialistes, à une différence entre le prévisionnel et le réalisé supérieur à 10 milliards d’euros. Avec un écart de presque 20 milliards d’euros en 2023, tous les records sont tombés. Il est très improbable que les services du ministère des finances qui sont très compétents et rompus à la prévision budgétaire n’aient pas anticipé un tel dérapage et n’en aient pas informé le Gouvernement au plus tard à l’automne dernier. D’ailleurs, une note datée du 7 décembre 2023 montre que les directions du Trésor et du Budget ont alerté par écrit du dérapage du déficit public au-delà de 5 % du PIB.Pourtant, il au

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