A quelques mois de l’élection présidentielle, le projet de Ligne à Grande Vitesse (LGV) Bordeaux – Toulouse est relancé.

Les écologistes dénoncent ce projet inutile et coûteux, qui ne répond pas aux enjeux actuels. A l’heure de l’urgence climatique, il est plus que nécessaire d’interroger la place des infrastructures et de la grande vitesse sur les territoires.

En 2017, Emmanuel Macron déclarait vouloir donner la priorité aux transports du quotidien ; une position qui rejoignait alors celle portée de longue date par les écologistes. Face au défi climatique, il est primordial de diriger les investissements publics là où ils auront le meilleur impact environnemental et social. Alors que 70% des français vont travailler en voiture individuelle, le développement des transports du quotidien est un impératif, à la fois pour le climat mais également pour cesser d’enfermer les citoyens dans une dépendance à la voiture qui montre ses limites jour après jour (stress, fatigue, poids du coût des carburants, pollution, étalement urbain, etc.).

La grande vitesse ferroviaire est l’un des moteurs de la métropolisation : en reliant les grands centres urbains entre eux, elle renforce leur attractivité au détriment des villes petites et moyennes, des territoires ruraux, des espaces de montagne qui continuent à perdre habitants et activités. Construire de nouvelles LGV, c’est alimenter ce modèle, qui ignore les capacités de développement endogènes des territoires. C’est encourager la centralisation en se focalisant sur le lien avec Paris au moment où le besoin de relier les pôles régionaux entre eux est une aspiration puissante. C’est, in fine, rester figé dans un modèle de croissance et de vitesse dépassé, qui ignore les défis et enjeux des territoires pour les prochaines décennies.

L’essor du TGV produit des clivages géographiques mais aussi sociaux : selon une étude de l’Autorité de Régulation des Transports datant de 2020, les cadres utilisent 12 fois plus le TGV que les employés et ouvriers. Quel modèle de transport voulons-nous ? Réserver la grande vitesse pour les élites ou permettre un service public de la mobilité pour le plus grand nombre ?

La LGV Bordeaux – Toulouse impose de construire intégralement une nouvelle ligne. C’est artificialiser 4 830 ha de zones naturelles agricoles, viticoles, des sites Natura 2000. C’est détruire 2 870 ha de forêt ou de zones humides. Pour être efficace d’un point de vue environnemental et juste socialement, le développement du réseau ferroviaire devrait se concentrer sur les lignes “classiques”, qu’il est largement possible de moderniser : dans le cas de Bordeaux – Toulouse une modernisation complète de l’infrastructure coûterait entre 4,6 et 7,3 milliards d’€, soit trois fois moins cher que le projet de LGV pour seulement 22 minutes de différence. Soutenir la LGV, ce serait donc considérer qu’une seule minute gagnée vaudrait 166 Millions d’€, autant que la création de 300 lits de CHU. Cette course à la vitesse à tout prix est déraisonnable.

Elle nous fait perdre de vue les vraies priorités : développement des transports du quotidien, réouverture des petites lignes, amélioration des fréquences et des amplitudes des trains intercités, relance des trains de nuit.

A trop vouloir gagner du temps pour quelques-uns, nous en perdons tous collectivement.

Eva Sas et Alain Coulombel, porte-paroles

Commission Transport et Territoires EELV

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