Aurélien Pradié, Secrétaire général des Républicains, appelle son parti à refonder un projet pour bâtir un nouveau pacte social, environnemental et économique.

Depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, la droite patauge.

Son électorat a été peu à peu capté par le nouveau Président, qui gouverne en surfant sur les thématiques chères aux Républicains. Secrétaire général de LR, le député du Lot Aurélien Pradié appelle sa famille politique à repenser un modèle de société nouveau, plus juste, et à ne plus être « des petits comptables ».

La droite peut-elle ressortir plus forte de cette crise ? Et comment ?

Ma conviction profonde, c’est que la droite doit redevenir un espoir, et non plus apparaître comme une punition. Il faut refonder un projet qui soit porteur d’espoir. Depuis combien d’années la politique n’a pas vraiment changé la vie de nos concitoyens ? Depuis trop longtemps, elle s’est résumée à une gestion de la fatalité. On doit tirer les leçons des échecs passés, et retrouver un projet politique qui permette de dire aux Français qu’on peut changer la vie et notre pays.

Concrètement, quel espoir voulez-vous que la droite incarne ?

Sur le travail, déjà. Avant, la droite disait Il faut travailler plus sans forcément être payé davantage. Aujourd’hui, nous sommes unis pour dire que la moindre heure supplémentaire doit être largement rémunérée. Nous voulons aussi permettre aux Français d’avoir un salaire nouveau, grâce à une révolution de la participation. Que demain, le salaire des Français soit encouragé par une participation aux bénéfices de la structure pour laquelle ils travaillent. On peut l’imaginer dans le public aussi, différemment : faire en sorte que la réussite collective à laquelle participent des soignants à l’hôpital, leur bénéficie aussi, par l’augmentation de leurs salaires, plus que par des primes ou des médailles. Mais on ne doit pas demander aux Français des efforts pour rebâtir un modèle dont on sait qu’il a montré ses défaillances. On a besoin d’une économie plus juste. Il faut que cet effort ait du sens : qu’il serve à relocaliser notre industrie, avoir une agriculture plus forte, assurer le retour de l’industrie pharmaceutique dans notre pays pour ne plus être dépendants.

Emmanuel Macron a dit qu’il voulait, lui aussi, changer les choses…

Emmanuel Macron a tué le politique. Il n’a aucune volonté de changer les choses. Il considère que la politique est faite pour faire accepter la fatalité, la mondialisation sans règle et tous ses écueils pour les nations et les peuples.

Et vous, vous comptez la ressusciter ?

Il faut se requestionner. Les fous, ce sont ceux qui ne se posent pas de question. Aujourd’hui, le modèle économique dans lequel nous sommes ne répond plus aux aspirations du peuple. Il ne reste rien de l’idéal économique du libéralisme d’il y a quelques décennies. Il ne reste qu’un libre-échange qui nous a aliénés. On peut souhaiter un Etat plus fort sans pour autant être un affreux soviétique étatiste et des salaires plus élevés pour nos concitoyens sans défendre l’économie administrée. On peut espérer que certains secteurs économiques comme la santé, l’agriculture ou même la culture doivent être protégés d’un libre-échange fou sans pour autant passer pour un communiste.

La droite doit se poser ces questions pour que les Français nous regardent à nouveau. Ce tempérament audacieux, c’est à la droite de le porter. Il ne faut pas être que des petits comptables, il faut aussi être idéaliste, parce que c’est le cœur de la politique.

Vous avez aussi affirmé qu’il fallait modifier la société de consommation… c’est-à-dire ?

Je tire quelques enseignements de cette crise. En quelques mois, les Français ont profondément changé leurs habitudes de consommation, par la contrainte certes, en dépensant davantage dans l’alimentaire, moins dans le superficiel. Est-ce qu’ils en ont été malheureux? Je ne crois pas. Économiquement, c’est aussi une bonne nouvelle. Les circuits courts, l’économie agricole nationale ont retrouvé des débouchés. Cette période qui a transformé notre manière de consommer peut être une chance : un nouveau pacte social, environnemental et économique.

Cette crise va-t-elle enfin forcer la droite à intégrer l’écologie dans son logiciel ?

Historiquement la droite n’a pas à rougir de ce qu’elle a fait sur ces sujets. Je pense que la bonne porte d’entrée sur l’environnement, pour nous, c’est l’alimentation. L’agriculture peut être une chance pour l’environnement, si on transforme notre modèle de consommation alimentaire. La relocalisation d’une grande partie de notre agriculture – notre souveraineté agricole – est une des premières réponses à l’enjeu écologique. Je ne suis pas un décroissant, je veux qu’on consomme différemment et mieux. Le grand défi de la droite c’est de concilier la croissance économique, l’épanouissement social et l’enjeu environnemental.

N’êtes-vous pas isolé sur cette façon de penser la droite de demain ?

L’histoire de la droite, c’est l’audace, l’esprit de conquête. Cette audace, c’est le gaullisme. Et le gaullisme, moderne, c’est la droite. Nous devons quitter les réflexes de pensée. Je suis optimiste sur le fait que nous y parvenions. Quand on prend du temps pour travailler collectivement, on arrive à avancer. Et c’est ce vers quoi Christian Jacob veut nous faire cheminer ensemble.

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