L’ex-député de l’Yonne Guillaume Larrivé, conseiller du président des Républicains Éric Ciotti, a repris la plume pour dresser un état des lieux sévère de la politiquemigratoire française.

Son ouvrage intitulé Immigrations, l’heure de la décision (paru le 20 mars, aux éditions de L’Observatoire) est une invitation à « sortir du chaos migratoire ». Il porte un message politique fort : « Je ne suis pas sûr que l’immigration soit aujourd’hui une chance pour la France. »Estimez-vous que l’immigration soit à l’origine de tous les maux de la société ?Mon fil rouge dans cet ouvrage est la crise du pouvoir politique. Car ce qui affaiblit la France, c’est l’impuissance publique. Et s’il y a bien un sujet pour lequel les gouvernements ne maîtrisent plus rien, c’est celui de l’immigration.Pourquoi ?Depuis cinquante ans, à force de demi-mesures, de lois contradictoires et de jurisprudences hasardeuses, l’immigration n’a pas été gouvernée sérieusement. Dans la France de 2024, elle est désormais hors de tout contrôle.L’état des lieux est sombre…On ne peut accepter que 27 897 personnes se soient noyées en Méditerranée, ces dix dernières années, en tentant de rejoindre l’Europe sur des bateaux d’infortune. C’est une question de vie ou de mort pour ces migrants. Et c’est aussi un sujet essentiel pour l’avenir de la France.C’est-à-dire ?Je revendique le droit des Français à vouloir continuer à être Français, Européens, Occidentaux. Arrêtons de nous excuser d’exister ! Notre communauté nationale a le droit de ne pas être effacée de l’Histoire. Nous avons donc le devoir de ne plus importer, en France, les tensions suscitées par l’immigration telle qu’elle se déroule.Quelles sont ces tensions ?Économiques, sociales, sécuritaires, territoriales, mais aussi culturelles : une immigration massive, globalement sous-qualifiée, provoque de très grands désordres. L’importation de l’islam politique n’est pas le moindre.Vouloir stopper ces flux migratoires, n’est-ce pas utopique ?Regardons lucidement la réalité. Telle qu’elle s’est déroulée depuis un demi-siècle, l’immigration n’est plus une chance pour la France. Pourquoi ? Parce que, par son volume et sa nature, elle suscite un trouble immense au sein de la nation. Je le dis avec tristesse et peut-être avec regret, mais surtout de manière réaliste, car ce livre ne fuit aucun sujet.Que proposez-vous ?Je plaide pour que les immigrés de demain puissent dire comme l’écrivain Romain Gary autrefois : « Je n’ai pas une goutte de sang français, mais la France coule dans mes veines. » Pour que l’immigration redevienne une chance pour la France, il faut changer radicalement notre politique migratoire.Selon vous, ces troubles font peser sur la France la menace d’un chambardement transformant la communauté nationale : où se situe la nuance avec la notion du grand remplacement de l’écrivain d’extrême droite Renaud Camus ?Dans le concept de grand remplacement, je déteste l’idée fausse selon laquelle chaque personne immigrée serait l’agent d’un grand plan caché de substitution de la population française par d’autres populations. C’est une façon de nier toute singularité humaine. Et cela n’a aucun sens. Mais il y a bien, en revanche, un grand chambardement. Il faudrait être aveugle pour ne pas s’en rendre compte. Prenez le métro, direction porte de la Chapelle, vous verrez.Ne craignez-vous pas, une fois de plus, que les LR soient accusés de copier les idées du RN avec une telle réflexion ?Je ne copie personne, je vois ce que je vois, je dis ce que je crois, de manière totalement sincère. Et je ne me sens pas comptable des insuffisances de la droite d’hier. Si le RN prospère, c’est parce que les problèmes n’ont pas été réglés, y compris lorsque M. Chirac et M. Sarkozy étaient Présidents. Depuis, avec la naïveté de M. Hollande et les faux-semblants de M. Macron, les problèmes se sont aggravés. Depuis douze ans, ma génération est dans l’opposition. À nous d’inventer des solutions et, si nous gouvernons demain, de tracer un nouveau chemin.Quel est ce chemin ?Je propose une politique de cooptation et d’assimilation. Nous devrons restaurer le droit des Français de décider souverainement qui ils souhaitent accueillir, ou refuser, au sein de notre communauté nationale. La France a le droit de ne pas être effacée de l’Histoire.

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