C’est historique.

La Chambre a voté ce jeudi soir en séance plénière la reconnaissance des crimes contre l’humanité et du risque sérieux de génocide contre les Ouïghours. La Belgique devient ainsi le 6e pays dans le monde à condamner les violations graves des droits humains commises par la Chine contre cette minorité turcique. Il s’agit aussi de la première fois que le Parlement belge tire les leçons du Rwanda et de Srebenica et adopte des mesures préventives contre un « risque sérieux » de génocide « en cours », sans attendre (en vain) l’arrêt d’une juridiction internationale.Pour le député fédéral Ecolo, Samuel Cogolati, l’un des initiateurs du texte adopté hier en plénière, « le travail ne se termine pas là: au contraire, la mobilisation ne fait que commencer! Nous devons à présent prendre des actions concrètes et activer tous les leviers dont nous disposons, chez nous en Belgique, pour mettre fin aux atrocités dont sont aujourd’hui reconnus victimes les Ouïghours ».En France, le Parquet national antiterroriste vient d’ouvrir le 1er juillet 2021 une enquête contre quatre géants du textile, soupçonnés d’avoir profité du travail forcé des Ouïghours. ZARA, SMCP (Sandro, Maje, de Fursac), UNIQLO et SKECHERS pourraient ainsi être poursuivis pour « recel de crimes contre l’humanité ».« Alors, pourquoi pas en Belgique? », plaide Samuel Cogolati. « Maintenant que les crimes contre l’humanité et le risque sérieux de génocide sont reconnus par le Parlement belge, il faut passer à l’étape suivante: la Justice et le Gouvernement belge doivent responsabiliser les grandes multinationales de l’habillement qui ont pignon sur rue chez nous. C’est sur le plan judiciaire – avec l’ouverture d’une enquête similaire en Belgique – et sur le plan politique – pour faire adopter des obligations contraignantes de respect des droits humains pour les géants privés du textile, que nous parviendrons à gagner la bataille contre l’esclavage des Ouïghours », conclut le député Ecolo.Pour rappel, un document officiel chinois de novembre 2020 fait état du « placement » de 2,6 millions de citoyens issus de minorités ethniques « parrainés par l’État » dans des exploitations agricoles ou industrielles dans la région ouïghoure et à travers la Chine. Le Xinjiang représente près d’un cinquième de la production mondiale de coton.