Pour le président du groupe Les Républicains au Sénat, les mesures annoncées par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin manquent de concret ne vont pas « au bout des choses ».Le projet de loi sur l’immigration arrivera en première lecture au Sénat.

Que pensez-vous des modalités annoncées par Gérald Darmanin dans Le Figaro ?Je remarque surtout que sa première décision est de reporter la décision, en retardant l’examen du texte. Pourtant, j’avais dit à la première ministre que le Sénat était prêt à examiner et travailler un texte sur l’immigration dès le début de la session parlementaire.L’urgence revendiquée il y a seulement quelques jours ne semble donc plus si urgente pour la majorité présidentielle, que l’on sait écartelée sur le sujet. Ce report n’est en fait que la conséquence de l’immobilisme auquel conduit le « en même temps » macroniste sur les sujets régaliens. Le premier quinquennat en a été l’illustration, le second prend le même chemin.Le gouvernement semble pourtant décidé à avancer sur de nombreux sujets. Les promesses du ministre sur la politique de l’asile et le traitement des délinquants étrangers sont-elles tenables ?Pour l’instant, ce qui ressort des propos du ministre n’est pas suffisamment concret et ne va pas au bout des choses. Comment peut-il dénoncer les protections contre l’éloignement dont bénéficient certaines catégories d’étrangers, du fait notamment de leur âge d’arrivée en France ou de leur statut marital, alors que ces dispositions sont sanctuarisées par les jurisprudences des juridictions nationales et internationales ? Nous n’arriverons à rien si l’État et le législateur ne reprennent pas le pouvoir d’agir qui a été abandonné, aux juges européens notamment. Cela passe forcément par une réforme de notre Constitution et par un référendum. En effet, il n’y a pas de sujet qui ait autant bouleversé la société française depuis un demi-siècle sans que le peuple ait eu le droit d’en délibérer.Je ne vois rien non plus sur l’immigration légale et la nécessité de prévoir des quotas pour tarir le flux d’étrangers que nous n’avons plus les moyens d’accueillir. Après, il faudra aussi avoir le courage de mettre fin aux pompes aspirantes. La France est désormais le pays le plus avantageux pour l’asile, le regroupement familial ou encore l’accès gratuit aux soins. Autant de signaux envoyés aux mafias et aux filières de passeurs. Nous devons aussi revoir notre droit du sol, en mettant fin notamment à l’automaticité de l’obtention de la nationalité française. Je mets donc en garde Gérald Darmanin : l’immigration n’est plus maîtrisée dans notre pays. Il ne pourra pas se contenter d’une réforme cosmétique. S’il ne s’attaque pas aux causes de notre impuissance, notamment juridiques, et se contente de gérer les conséquences, alors autant ne rien faire.Les engagements pris concernant les expulsions (OQTF) sont-ils rassurants ?Je pense que Gérald Darmanin passe à côté de nombreux sujets. Aujourd’hui, le juge administratif et le juge judiciaire se partagent le contentieux. Il faut clarifier les choses. Évitons aussi les effets d’annonces : « Criminaliser l’aide au séjour irrégulier », c’est une formule floue qui relève de l’affichage. « Taper » les passeurs , oui, mais que fait-on des clandestins acheminés en France ? Concernant l’asile, le problème aujourd’hui est que lorsqu’un demandeur d’asile est débouté après dix-huit mois ou deux ans de procédure, il a déjà eu tout le temps de s’organiser pour rester en France ! Les deux seules mesures proposées par Gérald Darmanin pour raccourcir les délais d’examen n’auront en réalité qu’un effet marginal.Rien non plus sur le fait de sanctionner le fait même de séjourner en France de manière irrégulière, ce qui me parait pourtant le minimum dans un État de droit. Quant à la double peine, on ne peut pas se contenter d’en faire une mesure exceptionnelle car c’est justement la porte ouverte à toutes les exceptions. Cette « réforme profonde » de l’asile n’est donc à ce stade qu’une réformette.En matière de sécurité, le renforcement des effectifs annoncés est-il à la hauteur ?Il faut sortir d’une logique exclusivement dépensière et quantitative. Si vous multipliez les policiers et les gendarmes alors que les délinquants sont remis en liberté, vous ne stopperez pas la spirale de l’ensauvagement. Il faut non seulement des places de prison en plus, mais une réforme profonde de notre politique pénale, qui doit être recentrée sur les victimes.

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